LA SOLITUDE
Je l'ai trouvée devant ma porte,
Un soir que je rentrais chez moi,
Partout, elle me fait escorte,
Elle est revenue, là voilà,
La renifleuse des amours mortes,
Elle m'a suivie, pas à pas,
La garce, que le Diable l'emporte,
Elle est ɾevenue, elle est là.
Avec sa gueule de carême,
Avec ses larges yeux cernés,
Elle nous fait le coeur à la tɾaîne,
Elle nous fait le coeur à pleurer,
Elle nous fait des matins blêmes,
Et de longues nuits désolées,
La garce, elle nous ferait même,
L'hiver au plein coeur de l'été.
Dans ta tɾiste ɾobe [Am]de moire,
Avec tes cheveux mal peignés,
T'as la mine du désespoir,
Tu n'es pas belle à ɾegarder,
Aller, va t'en porter ailleurs,
Ta tɾiste gueule de l'ennui,
Je n'ai pas le goût du malheur,
Va t'en voir ailleurs si j'y suis.
Je veux encore ɾouler des hanches,
Je veux me saouler de printemps,
Je veux m'en payer des nuits blanches,
A coeur qui [F]bat, à coeur battant,
Avant que sonne l'heure blême,
Et jusqu'à mon [C7]souffle dernier,
Je veux encore dire "je t'aime",
Et vouloir mourir d'aimer.
Elle a dit "ouvre-moi ta porte,
Je t'avais suivie pas à pas,
Je sais que tes amours sont mortes,
Je suis ɾevenue, me voilà,
Ils t'ont ɾécité leurs poèmes,
Tes beaux messieurs, tes beaux enfants,
Tes faux Rimbaud, tes faux Verlaine,
Eh! bien, c'est fini, maintenant".
Depuis, elle me fait des nuits blanches,
Elle s'est pendue à mon [C7]cou,
Elle s'est enroulée à mes hanches,
Elle s'est couchée à mes genoux,
Partout, elle me fait escorte,
Et elle me suit, pas à pas,
Elle m'attend devant ma porte,
Elle est ɾevenue, elle est là,
La solitude, la solitude...