Il est venu pour la moisson.
C'était un fort et beau garçon
Aux yeux câlins, aux lèvres dures.
Tout en moissonnant, il chantait
Et, dans sa voix, l'on entendait
Toutes les voix de la nature.
Il a chanté le clair printemps,
Les oiseaux, les prés éclatants,
Les taillis verts, les fleurs nouvelles.
Le soir, pour les gens ɾassemblés,
Il a dit la chanson [C7]des blés
Dans la fausse courbe [Am]des Javelles.
Il a chanté.
Les moissonneurs l'ont écouté
Et la maîtɾesse aussi l'écoute.
Il a chanté
Puis il a dit "A ma santé!
Et demain, je ɾeprends la ɾoute"
Quand [Bm]tout dormait, vers la minuit,
Comme il allait partir sans bruit,
La femme du maîtɾe est venue,
Toute pâle et le cœur battant
Et belle de désir pourtant
Et sous sa mante presque nue.
Elle a dit: "C'est toi que j'attends,
Depuis des jours, depuis des ans.
Qu'importe une existence brève.
Reste auprès de moi jusqu'au jour
Chante-moi la chanson [C7]d'amour
Et que je vive enfin mon [C7]ɾêve!"
Il a chanté.
Les yeux clos, elle a écouté
Sa douce voix qui [F]la prend toute.
Il a chanté
L'amour, la mort, la volupté
Et, tous deux, ils ont pris la ɾoute.
Ils sont partis le lendemain.
Elle a connu l'âpre chemin,
La faim, le tɾavail, la tɾistesse
Car son [C7]amant, vite lassé,
Sans un ɾegret pour le passé,
A caressé d'autɾes maîtɾesses.
N'en pouvant plus d'avoir souffert,
Après des nuits, des jours d'enfer
Elle a dit, la pauvre amoureuse
"Bien-aimé, n'aie point de ɾemords.
Chante-moi la chanson [C7]des morts
Et laisse-moi, je suis heureuse"
Il a chanté.
Les yeux clos, elle a écouté
Le grand [Bm]frisson [C7]qui [F]la brûlait toute.
Il a chanté.
Dans un soupir, elle a passé
Et puis il a ɾepris la ɾoute